martes, octubre 04, 2011

critica en CHARLEVILLE

http://lestroiscoups.over-blog.com/article-les-trois-coups-de-coeur-du-festival-mondial-des-theatres-de-marionnettes-critique-de-lena-martinel-85584517.html


En camino : une invitation au voyage
Dernier coup de cœur pour un spectacle qui offre une large palette d’émotions : En camino. L’Argentin Sergio Mercurio a beaucoup voyagé, mais commence à peine à montrer son travail en France. Espérons que son passage à Charleville-Mézières déclenche une longue tournée. En tout cas, le public adore.

Pas de scénographie élaborée, ici. Juste une table et quelques accessoires. Sans chichis, Sergio Mercurio nous touche en plein cœur avec de simples marionnettes. Mais quelles marionnettes ! Déjà, ses muñecas, qu’il fabrique et manipule seul, sont de vraies œuvres d’art à elles seules. Ni réalistes ni expressionnistes, elles sont nées de l’imagination de leur créateur, certes, mais aussi des rencontres de ce voyageur impénitent, dans un bar ou un hôpital, sur un banc public. Donc, ces marionnettes sont profondément humaines. Les personnages, au tempérament bien trempé, prennent vie sous nos yeux, et leur force intérieure nous hante longtemps après la représentation.

Beto, l’ivrogne, est grotesque et pathétique à la fois, surtout quand il déclare sa flamme à sa chère bouteille. Presque aussi bavard, Bobi a besoin, quant à lui, de contacts humains, de tendresse aussi. Il en sert des mains dans le public ! Presque pire qu’un homme politique ! Sauf que Bobi, il est sincère. Il est entier, Bobi, « grande gueule », voire « cash » par moments, mais quand il réalise qu’il n’est qu’une marionnette, c’est le début de la fin du monde ! Margarita, aussi, est câline. Peste sur les bords, peut-être même cousine éloignée de Tatie Danielle, cette grand-mère témoigne, malgré tout, une certaine affection à ses victimes. Et quand c’est au tour d’Indio d’entrer sur scène, difficile de retenir ses larmes. Sans un mot, le personnage, tout tremblant de timidité, prend sur lui, parvient non sans mal à s’approcher des hommes qui le terrorisent, apprend à nous apprivoiser. Et c’est nous qu’il humanise alors. Bouleversant !

Ce spectacle est drôle et émouvant. Il est aussi poétique. Entre ces séquences qui passent trop vite, entre ces différentes tranches de vie, un bout de mousse, un coupon de tissu, et voilà une danseuse étoile qui fait tourner la tête d’un gringalet. La magie de la vie ! La qualité de ce spectacle réside dans sa capacité à sans cesse nous surprendre, comme ces marionnettes qui se dépouillent de leur qualité de poupées pour libérer leurs sentiments avec pudeur.

Quelle belle réflexion sur le voyage comme mode d’existence, sur la nécessité de s’ouvrir aux autres pour mieux se trouver soi-même ! On sent chez Sergio Mercurio une insatiable soif de rapports humains, une authentique quête de sincérité. D’où ces allers-retours de la scène à la salle. La participation du public permet de créer des liens très forts. Jamais marionnettes n’auront autant embrassé le public ! Nicole, Gilles, Clément, Marie, et tous les autres spectateurs qui font donc aussi le spectacle, ne sont pas prêts d’oublier ce moment d’humanité partagée. Ils seraient même prêts à suivre Sergio et ses marionnettes dans leur périple, à cheminer avec eux. ¶



Léna Martinelli

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